Combler l’écart important entre les sexes en matière d’innovation et de technologie a fait l’objet des travaux de la 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW67), qui s’est tenue à New York du 6 au 17 mars 2023.

Elle a réuni plus de 7 000 personnes, représentants·es des gouvernements, de l’ONU et de la société civile, pour examiner les moyens d’atteindre l’égalitédes sexes, l’autonomisation et le développement durable à l’ère numérique.

ALLOCUTIONS D’OUVERTURE

Dans son allocution d’ouverture, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio GUTERRES a déclaré que les progrès en matière de droits des femmes « s’évanouissent devant nos yeux », des pays comme l’Afghanistan, où les femmes et les filles ont été effacées de la vie publique, aux pays les plus riches, où les droits sexuels et procréatifs des femmes sont attaqués.

Lire l’intervetion en Francais

Alors que les femmes sont minoritaires dans les technologies de l’information numérique, l’informatique, la physique, les mathématiques et l’ingénierie, « elles sont 20% moins susceptibles que les hommes d’utiliser l’Internet, mais 27 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement ou de discours de haine en ligne, lorsqu’elles le font »

Sima BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU Femmes, a déclaré que la révolution numérique offre un potentiel d’amélioration sans précédent dans la vie des femmes et des filles, et à un moment où les progrès vers le développement durable sont menacés.

Mme JOYINI, Présidente de la CSW, a souligné les objectifs « Nous examinerons les responsabilités des gouvernements et du secteur privé pour que des garanties, des normes et des standards adéquats existent et que les droits fondamentaux des femmes et des filles ne sont pas violés lors de l’utilisation des technologies numériques ».

Dans le contexte où de nombreux pays revendiquaient leur souveraineté pour faire régresser les droits des femmes et des filles, il était indispensable que la France rappelle, par la voix de Marlène SCHIAPPA : « Les droits des femmes sont universels. Quand ils reculent à Kaboul ou en Iran, ils meurtrissent aussi les Françaises, les Européennes et les femmes du monde entier. J’ai ici une pensée pour les femmes ukrainiennes, quel que soit l’endroit où elles se trouvent en ce moment. Cette solidarité s’exprime aussi par les outils numériques qui abolissent les frontières et qui peuvent devenir des outils d’émancipation. Ensemble, nous devons faire d’Internet un lieu sûr ! »

Marlène SCHIAPPA a cité la loi française de 2018 contre le cyberharcèlement et la nécessité d’assurer aux femmes le droit de s’exprimer sans être insultées en retour.

Lire l’intervention complète de Mme Marlène Schiappa.


ÉVÈNEMENTS PARALLÈLES

Parmi les 700 évènements parallèles agréés par l’ONU, notre atelier « Éducation aux outils numériques et aux dangers inhérents à leur utilisation » reflétait précisément les discussions lors de la CSW.

Ouverture Michèle VIANÈS.

Marlène SCHIAPPA a repris les grandes lignes de son intervention devant les États et a précisé : « Je ne veux plus entendre dire aux femmes : « Si vous ne voulez pas être cyber-harcelées, vous n’avez qu’à éteindre vos réseaux sociaux. » C’est comme dire aux femmes : « Si vous ne voulez pas être violées, vous n’avez qu’à pas aller dans la rue. » C’est donc inadmissible ! » .

Patrica HERDT, analyste politique principale à la Représentation permanente de l’OIF aux Nations-Unies a présenté le guide pratique de l’OIF et de Francopol sur la « Lutte contre l’abus et l’exploitation sexuelles d’enfants en ligne ».

« Les dangers inhérents à l’utilisation des outils numériques » ont été exposés par Chantal SOUCY, Présidente du Réseau des femmes de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie et Mireille CLAPOT, Députée, Présidente de la Commission du numérique et des postes à l’Assemblée Nationale a décrit : « La législation française contre la cyberviolence ».

L’intervention de Soukaina BOURAOUI, Directrice exécutive de Cawtar et présidente de la Fondation des Femmes de l’Euroméditerranée portait sur « Les applications numériques de prévention des violences : entre protection et liberté de déplacements ». (Présentation de l’application Safeness pdf)


Cette année encore et tant que tous les enfants ne seront pas déclarés à la naissance, nous avions organisé un atelier sur ce droit humain fondamental au siège de la Francophonie à l’ONU New York.

Il a été ouvert par SE Ifigeneia KONTOLEONTOS, Représentante permanente de l’OIF à New York.

Michèle VIANÈS, présidente de Regards de femmes a présenté les objectifs.

Diarra DIME-LABILLE, conseillère juridique de la France auprès des Nations Unies, a présenté la feuille de route pour l’action de la France à l’international en matière d’état civil pour améliorer l’universalité et la fiabilité de l’enregistrement des faits d’état civil.

Nantarie TOURE ABOA, députée de Cote d’Ivoire, au nom de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie a montré tous les dénis de justice dus à l’absence d’état civil.

Les actions de la société civile pour éradiquer le fléau de l’absence d’identité juridique, en partenariat avec Regards de Femmes ont été présentées par Elodie LOUÉ pour le GOFHF Côte d’Ivoire et par Amina BOUKARY et Mariama Mamadoudou DJIBO pour l’ONG FAD Niger.

Lors du débat, Maritza FORMISANO, du bureau d’ONU Femmes en Afrique de l’Ouest, Ndioro N’DIAYE, coordonnatrice du Réseau Francophone pour l’Egalité Femme Homme, Odile FAYE DOUMBE, CEDEAO, Eunide INNOCENT, POHFAD Haiti sont intervenues pour présenter leurs actions.

CONCLUSIONS AGRÉÉES

Les conclusions concertées devaient être agréées le vendredi 17 mars minuit, heure de New York. Comme cela n’a pas été le cas, en raison de blocages de plusieurs pays, notamment la Russie et le Pakistan, les pendules ont été arrêtées pour que les discussions se poursuivent jusqu’à ce qu’il y ait un accord !

Parmi les conclusions agréées samedi matin :

  • Développer des outils et des services numériques pour répondre aux besoins de toutes les femmes et de toutes les filles, notamment pour éliminer les stéréotypes sexués, les normes sociales négatives, les obstacles à l’égalité d’accès au numérique.
  • Promouvoir une politique de tolérance zéro à l’égard de la violence envers les femmes et les filles par le biais de leur utilisation
  • Renforcer les systèmes d’enregistrement des naissances, dont l’importance est vitale,  via le numérique.
  • Assurer l’accès universel à la santé sexuelle et génésique et aux droits génésiques, conformément au programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et au programme d’action de Pékin.
  • Condamner et prendre toutes les mesures appropriées contre la traite des personnes, toutes les formes d’exploitation sexuelle et d’abus des femmes et des filles, ainsi que les mariages d’enfants.

Présentation de la 67° session de la CSW et des deux évènements parallèles de Regards de Femmes